Du venin de mollusque marin
contre les douleurs rebelles
WASHINGTON (AP) -- Des toxines issues du venin de cône, un mollusque marin, pourraient permettre la mise au point de nouveaux antalgiques capables de soulager les douleurs rebelles d'origine neurologique. Des résultats prometteurs ont été observés par des chercheurs américains chez des souris souffrant de névralgie équivalente à une sciatique.
Leurs travaux sont publiés dans l'édition en ligne des Annales de l'Académie nationale des sciences.
Les chercheurs y démontrent que les conotoxines soulagent les douleurs neurologiques en bloquant les molécules connues sous le nom de "récepteurs nicotiniques cholinergiques a9a10". Ces récepteurs sont localisés dans différentes parties du corps, notamment dans le ganglion de la racine dorsale, ensemble de cellules nerveuses situé à proximité de la moelle et impliqué dans la transmission de la douleur.
Les antalgiques courants n'arrivent pas à soulager ce type de douleur, et ceux qui sont plus puissants, notamment la morphine, présentent des effets secondaires.
Selon les chercheurs d'Utah et de l'Université Wake Forest, la toxine de cône peut arrêter la douleur neurologique en bloquant les récepteurs cellulaires, ouvrant la voie à une nouvelle cible potentielle pour les médicaments antalgiques.
J. Michael McIntosh, professeur de biologie de l'Université de l'Utah dirigeait déjà l'équipe de recherche ayant mis au point le Prialt, issu lui aussi des conotoxines, que les médecins injectent dans le canal rachidien pour traiter des douleurs importantes, notamment liées au cancer, au SIDA, à une blessure, aux douleurs post-chirurgicales et à certains troubles neurologiques.
Un second article indépendant et publié lui aussi par le site en ligne des Annales de l'Académie nationale des sciences, fait état de la découverte par des chercheurs, cette fois français, d'un antalgique naturel fabriqué par l'organisme, l'opiorphine, beaucoup plus puissant que la morphine contre les douleurs somatiques et l'inflammation d'origine chimique. Catherine Rougeot de l'Institut Pasteur de Paris et ses collègues ont découvert chez les rats un antalgique potentiel, la sialorphine. Se tournant vers l'homme, ils ont trouvé dans la salive une substance similaire, l'opiorphine, qui inhibe la même famille de protéines que la sialorphine.
A l'heure actuelle, cette équipe tente de reconnaître les cibles de l'opiorphine naturelle et de déterminer si cette substance est suffisamment efficace pour permettre son développement médicamenteux à niveau industriel.
Sur le Net:
PNAS: http://www.pnas.org AP
source: Le nouvel observateur